samedi 24 octobre 2015

Amitié Judéo-Chrétienne



Ce 15 octobre, au Collège des Bernardins, à Paris, le prix de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France (AJCF) était décerné à Richard Prasquier, ancien président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).On peut lire, sur le site de l’AJCF, les différentes allocutions prononcées cette occasion. A ne pas manquer, celle, remarquable, de Richard Prasquier lui-même. C’est un témoignage très personnel et émouvant. Nous n'en retenons ici qu’une partie de sa conclusion. Il y aborde l’attitude que l’on peut attendre des chrétiens par rapport à l’Etat et au peuple d’Israël. Ce sont des lignes à méditer en ces jours où nos frères juifs souffrent d’un fort regain d’antisémitisme causé par l’«importation» du conflit israélo-palestinien

«Que pouvons-nous donc demander à un chrétien dans ce contexte qui déborde du cadre religieux et qui frôle un conflit politique incluant Israël dans lequel il ne désire pas prendre position? La prudence frileuse nous pousserait à écarter ce sujet de notre dialogue, car les chrétiens n’y sont pas directement impliqués et les positions sont conflictuelles. Mais c’est aujourd’hui l’éléphant dans le magasin de porcelaine. Nous avons entre nous un devoir de franchise et une exigence de vérité. Et il est possible, il est nécessaire de garder ces valeurs, sans se laisser emporter par une argumentation politique, dont le seul qualificatif de sioniste a été tellement détourné en épouvantail.

A cet ami chrétien on peut demander:
- de traquer la vérité des faits, une traque qui demande du temps mais qui est souvent possible sur Internet
- de comprendre que faire d’Israël le responsable de tous les crimes de l’islamisme est une opinion idiote ou antisémite
- de s’étonner qu’Israël soit continuellement condamné par le Conseil des Droits de l’ Homme de l’ONU alors que l’Arabie Saoudite y est honorée par une position de prestige
- de refuser les amalgames entre le génocide de la Shoah qui a assassiné 6 millions de juifs sans défense et un conflit qui, guerres et attentats, soldats et civils, israéliens et palestiniens confondus, a provoqué environ 20000 victimes, en 70 ans, à comparer aux 240000 morts en Syrie en 4 ans pour lequel on n’a pas vu d’attroupements, ni entendu d’appels au meurtre dans les rues de Paris
- de vérifier si les images disent bien ce qu’on leur fait dire et si derrière l’image d’un enfant palestinien tué on ne lui présente pas la version moderne du crime rituel
- de déceler que derrière les discours rassurants, il peut y avoir des idéologies putrides, et que derrière les discours putrides, il n’y a jamais d’idéologie rassurante.
- de se résigner au fait que nous avons parfois des ennemis parce qu’ils veulent être nos ennemis et pas seulement des ennemis qui deviendront nos amis une fois que nous leur aurons manifesté notre volonté d’amitié.
- de se rappeler enfin que les pires régimes ont eu pour les soutenir des compagnons de route émus par le combat des masses opprimées; ces hommes d’illusions ou de compromissions étaient appelés les idiots utiles.
On peut lui demander en conclusion, maintenant qu’il a cessé de diaboliser les Juifs et qu’il sait que ce sont des hommes comme les autres, de lutter contre la diabolisation d’Israël, un État comme un autre, pour ne pas le transformer en Juif des Nations.

Il ne s’agit pas d’adhérer à une politique, il s’agit d’ouvrir les yeux, ce qui n’est pas interdit à un homme de paix et de foi. Il s’agit de comprendre ce qu’est l’endoctrinement mental, fléau du XXe et du XXIe siècle, celui qui déchaîne les passions, qui forge les mensonges et qui exploite les malheurs, les jalousies et les difficultés sociales. Les Juifs ont appris à leurs dépens que la lucidité est une hygiène de survie.»


jeudi 15 octobre 2015

Sainte Thérèse d’Avila (1515 – 2015)



Fêtée dans l’Eglise ce 15 septembre, la « grande » Thérèse est un maître spirituel toujours actuel. Nous fêtons, cette année, le 500e anniversaire de sa naissance.
Voici un passage d’une de ses œuvres, Le château intérieur.

« Nous pouvons considérer notre âme comme un château qui est fait tout entier d’un seul diamant ou d’un cristal très pur, et qui contient beaucoup d’appartements, ainsi que le ciel, qui renferme beaucoup de demeures…
Considérons donc que ce château a, comme je l’ai dit, beaucoup d’appartements, les uns en haut, les autres en bas et sur les côtés, tandis qu’au centre, au milieu de tous les autres, se trouve le principal, celui à se passent les choses très secrètes entre Dieu et l’âme…
Vous ne devez pas considérer ces demeures comme si elles étaient l’une à la suite de l’autre et à la file. Portez les regards au centre du château. C’est là qu’est la chambre, le palais où habite le Roi…
La porte par où l’on entre dans ce château, c’est l’oraison et la considération(*)
D’ailleurs, quand il s’agit des choses de l’âme, il faut toujours les voir dans leur plénitude, dans leur largeur et dans leur amplitude, sans craindre d’exagérer, car la capacité de l’âme dépasse de beaucoup tout ce que nous pouvons imaginer ; enfin toutes les parties du château reçoivent la lumière du Soleil qui s’y trouve. »


(*) Lorsque Thérèse parle de « considération », il s’agit d’une prise de conscience de ce qui est en train de se passer dans la prière : je suis en présence de Dieu…