vendredi 25 octobre 2013

Madeleine Delbrêl et l’hospitalité


Un mot d’abord, pour ceux à qui le nom de Madeleine Delbrêl ne dit rien(1). Née en 1904 dans une famille de libres-penseurs, sa jeunesse et son adolescence ont été bercés par le « Dieu est mort » proféré par Nietzsche quelques années plus tôt. Mais, peut-être grâce à la découverte de ce que Dieu n’était pas une nécessité pour sa vie, elle s’est lancée, très vite, dans une quête des autres qui la conduiront jusqu’au Tout-autre.
Après sa conversion à la foi catholique et des études d’assistante sociale, elle s’établit, en 1933, à Ivry, banlieue parisienne déchristianisée et acquise aux communistes. Elle y vécut jusqu’à sa mort, en 1964, partageant son logis, une maison ouverte à tous, avec une petite communauté de femmes.
Madeleine sut témoigner de l’Évangile dans le compagnonnage avec les hommes, avant tout par sa vie. Elle avait compris que derrière l’athéisme se cachent bien des fautes des chrétiens, souvent prompts à annoncer un Dieu qui soit en opposition avec les autres, plutôt qu’une vérité qui ne peut jamais se donner sans l’autre, du moment qu’elle coïncide, en dernière instance, avec la charité.


Écoutons Madeleine :
« Il y a une grâce de l’hospitalité. Nous voudrions retrouver sa fraîcheur, telle que la connurent et la vécurent les premières communautés chrétiennes.
L’hospitalité, c’est que les autres soient chez eux chez nous. Aux repas, ils sont attendus quand ils ne sont pas invités. Notre toit est le leur. Leur entrée dans notre vie engage leur entrée dans notre maison.
Ce qui est dans notre maison est à eux quand ils n’en n’ont pas l’équivalent. Ils y sont préférés à nous-mêmes. L’hôte n’est pas traité selon la justice, mais selon l’amour. Il ne peut pas être jugé, mais estimé dans la miséricorde.
De lui et de nous, l’obligé c’est nous, car peu de mystères évangéliques sont plus riches que l’hospitalité. En lui, nous recevons Jésus dans une sorte de communion collective ; par lui, nous revivons Jésus qui a accompli dans sa vie la loi juive et orientale de l’accueil ; par lui, nous avons l’occasion d’obéir à des préceptes chargés de promesses.
Là où plusieurs sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux’.
Vivre en communauté, c’est exploiter pour le monde une sorte de sacrement. C’est assurer la présence de Jésus.
Le témoignage d’un seul, qu’il le veuille ou non, porte sa propre signature. Le témoignage d’une communauté porte, si elle est fidèle, la signature du Christ »(2).

À méditer par ceux qui ont la nostalgie d’une « chrétienté » aujourd’hui disparue. Il y a du « pain sur la planche »...

(1) Je m’inspire du texte consacré à Madeleine dans Témoins de Dieu. Martyrologe universel, publié par la Communauté de Bose. Edition française chez Bayard, 2005. On trouve également une brève notice sur Wikipédia.

(2) Madeleine Delbrêl, Communautés selon l’Évangile.

samedi 12 octobre 2013

Si tu te mets d’accord avec ton adversaire… Saint-Augustin nous enseigne

Benozzo Gozzoli, saint Augustin lit la Bible

Augustin nous invite à suivre la Parole de Dieu sur le chemin de la vie. L’«adversaire» que nous devons y affronter n’est autre que la parole de Dieu: adversaire parce qu’elle s’oppose à nos tendances égoïstes et pécheresses.

«Quand notre route prendra-t-elle fin? Tous n’y parviennent pas à la même heure. Pour chacun de nous, une heure particulière verra notre toute prendre fin. Cette route, je l’ai déjà dit, c’est notre vie: le terme de la route, c’est la fin de la vie. Nous marchons, et vivre, c’est avancer sur la route. Pensez-vous, peut-être, que nous pouvons nous arrêter, tandis que le temps passe? Non, c’est impossible. De même que le temps avance, nous avançons nous aussi et pour nous, les années décroissent au lieu de croître. On dit: cet enfant n’ a pas encore l’âge de raison; la sagesse lui viendra avec les années. Faites attention à ce que vous dites: les années viennent? Elles ne viennent que pour s’en aller! Elles ne viennent pas pour nous rester. Lorsqu’elles passent, pour ainsi dire, au travers de notre vie, c’est pour nous briser, pour nous affaiblir petit à petit. Ainsi va la vie. Que ferons-nous avec cet adversaire dont Luc parle dans son évangile (Lc 12,58), c’est-à-dire la parole de Dieu? Tâche de te mettre d’accord avec elle. Personne ne sait à quel moment la route prend fin. À ce moment-là, tu te trouveras en face du juge et du garde qui peut te jeter en prison. Mais si, en cours de route tu as pu te mettre d’accord avec ton adversaire, au lieu d’un juge, tu trouveras un père; au lieu d’un garde sévère, un ange qui te portera dans le sein d’Abraham; au lieu de la prison, le paradis. Quel changement rapide et merveilleux s’est accompli ainsi en cours de route, si tu t’es mis d’accord avec ton adversaire»

(Saint Augustin, Sermon 109, 4).


Tiré de Une année avec saint Augustin, Ed. Bayard, 2013, 760 p. (20 x 20), 29,90 €.

dimanche 6 octobre 2013

Donne-moi de te trouver… Saint Augustin nous enseigne

 
Saint Augustin, par Claudio Pastro

            Dans l’évangile de ce 27e dimanche, on voit les apôtres demander à Jésus : « Augmente en nous la foi ! ». Écoutons Augustin adresser sa prière au Seigneur.

  
Si c’est par la foi que te trouvent ceux qui se réfugient auprès de toi, Seigneur, donne-moi la foi.
Si c’est par la force, donne-moi la force.
Si c’est par la science, donne-moi la science.
Augmente en moi la foi, augmente l’espérance, augmente l’amour.
Que ta bonté est admirable, unique, incomparable. C’est vers toi que je suis en route: les moyens d’arriver jusqu’à toi, voilà ce que je te demande encore une fois.
Si tu nous abandonnes, c’est la mort! Mais tu ne nous abandonnes pas, car tu es le bien que rien ne surpasse. Nul ne pourrait te chercher avec droiture sans te trouver. Te chercher avec droiture veut dire te chercher comme tu veux que l’on te cherche.
Apprends-moi, Seigneur, à te chercher.
Délivre-moi de l’erreur. Que, te cherchant, je ne rencontre rien d’autre que toi.
S’il est vrai que je ne désire rien d’autre que toi, donne-moi, Père, de te trouver.
S’il existe en moi d’autres désirs, de vaines attentes, purifie-moi et rends-moi ainsi capable de te voir.
Quant au salut de ce corps mortel, je ne sais en quoi il pourrait être utile, à moi où à ceux que j’aime; je m’en remets à toi, Père très sage et très bon. Pour ce corps, je te demanderai ce que tu m’auras suggéré en temps opportun.
Je te demande une seule chose. Tourne-moi vers toi, que rien n’entrave mes efforts pour te trouver; permets que tant que je vis avec ce corps à conduire et à porter, j’arrive à pratiquer la tempérance, le courage, la justice, la prudence; que j’aime de tout cœur et comprenne ta sagesse; que je sois digne de t’accueillir en moi comme dans une maison; que tu m’accueilles dans ton Royaume de félicité. Amen.
 (Saint Augustin, Soliloques, I, 1, 5-6)

mardi 1 octobre 2013

Malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile...


Notre frère Thibault s'exprime sur le site de Prions en Eglise  
Une belle exhortation à partager le trésor que le Seigneur nous a confié!