jeudi 19 décembre 2013

Saint Augustin nous enseigne

Arcabas - Nativité

Nous pouvons l’appeler «Dieu avec nous»

Parce que la Vierge a conçu un fils que sa naissance nous révèle dans sa condition de serviteur, nous disons avec le prophète: Un enfant nous est né (Is 9, 6). Mais si nous croyons que le Verbe de Dieu qui demeure à jamais, s’est fait chair pour habiter au milieu de nous, sa condition divine qu’il conserve, bien que voilée, nous permet de lui donner le nom annoncé par Gabriel le messager: Emmanuel, Dieu avec nous (Mt 1, 23). Il s’est fait homme, tout en demeurant Dieu. Nous pouvons donc, en toute vérité appeler le Fils de l’homme «Dieu avec nous». Dieu en lui n’est pas une autre personne.

Soyez dans la joie, tous les croyants du monde! C’est pour votre salut qu’est né le créateur du monde. Celui qui a créé Marie est né de Marie. Le fils de David est le Seigneur de David. Celui qui était avant Abraham se fait le descendant d’Abraham. Celui qui a formé la terre est formé sur la terre. Le créateur du ciel est créé sous le ciel. C’est lui, le jour que fit le Seigneur et le Seigneur est lui-même le jour de notre cœur. Marchons donc à sa lumière nous réjouissant en lui, tressaillant d’allégresse.

(Saint Augustin, Sermon 187, 4)

JOYEUX NOËL !


(*) Tiré de Une année avec saint Augustin, Ed. Bayard, 2013, 760 p. (20 x 20), 29,90 €.

jeudi 12 décembre 2013

Loi sur l'euthanasie. Prise de position des plus éclairantes

Une opinion de Hilde Kieboom, responsable pour la Communauté de Sant’Egidio au Benelux.
Étendre l’euthanasie aux mineurs risque de faire passer pour "un acte de compassion" ce qui est en réalité est un acte de déresponsabilisation, qui abandonne le jeune malade à son sort. Au moment où le Sénat s’apprête à légaliser l’euthanasie pour les mineurs, nous estimons qu’il y va de notre devoir citoyen d’y opposer de sérieuses objections. Nous invitons les formations politiques, les sénateurs et les députés à prendre plus de temps pour approfondir davantage la réflexion.
Notre pays se sent à l’avant-garde en devenant le seul pays au monde à supprimer toute limite d’âge pour l’euthanasie. Doit-on vraiment s’en vanter? Les faits démontrent qu’un tel élargissement n’a pratiquement pas de raison d’être: de nombreux pédiatres et infirmiers/ières témoignent que les enfants gravement malades expriment rarement un souhait résolu de mourir. Leur volonté de vivre, même dans les conditions difficiles de l’approche de la mort, est plus forte que l’éventuel souhait d’anticiper la fin. Aux Pays-Bas, où l’euthanasie peut être pratiquée sur les enfants à partir de 12 ans, la réalité démontre qu’il n’y a aucun besoin en la matière. Depuis 2006, aucun cas n’a été enregistré, même pas en dessous de 30 ans. Pourquoi alors cette hâte suspecte? Pourquoi vouloir coûte que coûte voter cette loi?
Il ne s’agit pas tant, à notre avis, de répondre à un quelconque besoin urgent dans nos hôpitaux, mais plutôt d’un projet idéologique tendant à faire sauter l’un après l’autre les verrous juridiques placés par la loi du 18 mai 2002. Dans une déclaration récente, le Conseil Central laïque rêve déjà de nouvelles modifications législatives: l’euthanasie devrait également être possible pour les mineurs qui ont des souffrances psychiques – incontestablement un groupe plus important, vu le taux élevé de suicides chez les jeunes – mais aussi pour les personnes qui ne sont plus en état d’exprimer elles-mêmes leur volonté. Avec l’augmentation du nombre de personnes âgées qui souffrent de l’une ou l’autre forme de démence, il s’agit d’un large groupe qui pourrait potentiellement entrer en ligne de compte pour l’euthanasie. Face à cette évolution politique, nous voyons se confirmer notre crainte d’il y a dix ans. Une fois disparu le tabou légal de tuer un concitoyen à sa propre demande, la porte s’ouvre sans cesse plus largement. D’où notre question: qui donc arrêtera le train de l’euthanasie?
Traditionnellement, la souffrance psychique et physique du prochain, enfants et autres, incarne un appel éthique à leur entourage et à la société de prendre soin d’eux. Par l’expérience d’un travail dans la durée auprès des malades et des aînés, la Communauté de Sant’Egidio peut témoigner que notre société regorge de forces vives qui sont prêtes à prendre leur responsabilité pour assister et soigner les malades. Autour du lit d’un malade naissent souvent des formes inattendues de solidarité et de chaleur humaine. Les avancées de la science médicale, avec des antidouleurs toujours plus efficaces, permettent que la souffrance physique soit de mieux en mieux maîtrisée. Les soins palliatifs ne veulent pas seulement pallier les douleurs physiques, mais aussi les souffrances psychiques provoquées par le sens de l’abandon.
Si une nouvelle porte s’ouvre pour l’euthanasie, il est à craindre que la société se déresponsabilise toujours plus vis-à-vis de ceux qui souffrent. Car la société ne dit dès lors plus au malade: "Nous allons te soutenir du mieux que nous pouvons avec tous les moyens dont nous disposons et le plus longtemps possible." Mais elle lui demande plutôt: "Réfléchis-bien! Veux-tu vraiment vivre ainsi?" De la sorte, le désir de vivre et de s’opposer à un éventuel souhait de mourir est subtilement sapé chez le malade et son entourage. Ne s’agit-il pas là d’une réelle perversion, pour une société qui d’autre part investit tant dans la prévention du suicide?
Le risque est d’appeler ‘un acte de compassion’, ce qui dans la réalité est un acte de déresponsabilisation masquée. Au lieu d’ouvrir toujours plus la porte ‘pour l’aide à mourir’, il faudrait investir plus d’énergies dans ‘l’aide à vivre’. D’ailleurs, dans beaucoup d’autres domaines de la société, on ne voit pas toute cette volonté de piété et de compassion.
Le soin des malades coûte beaucoup à la société: en moyens financiers, en temps et en énergie. A l’heure actuelle, beaucoup de gens, confrontés dans leur entourage à une personne touchée par une maladie incurable ou des souffrances psychiques, expriment de façon plus ou moins ouverte le souhait que le malade ne prolonge plus trop longtemps son séjour parmi les vivants et qu’il s’en aille à temps. Cette pression, implicite ou parfois même explicite, sur des personnes malades et affaiblies doit davantage être prise en compte. Ainsi, l’autorisation parentale, nécessaire pour les mineurs, nous est présentée comme un verrou juridique et un droit de veto. Dans la pratique, c’est plutôt le contraire qui risque d’arriver: des parents qui commencent à espérer que leur enfant malade ne vivra plus trop longtemps, des enfants qui se sentent une charge pour leurs parents, et qui, dès lors, se sentent incités à faire mettre fin à leur vie.
Dans une sorte d’égarement collectif, notre société glorifie toujours plus la mort médicalement assistée comme un progrès de la civilisation et le summum de l’humanité. Permettez-nous de défendre un point de vue fondamentalement opposé. Les possibilités légales toujours croissantes de recourir à l’euthanasie signifient plutôt ouvrir la porte à une nouvelle sorte de barbarie: le choix, acclamé par la société, de l’auto-élimination des malades et des personnes faibles.

Publié sur le site de La Libre Belgique, du 11/12/2013.

lundi 9 décembre 2013

Adorer jusqu’à la fin


Homélie du Pape François - Rome, 28 novembre 2013

«Adorer Dieu avec confiance et fidélité»: c’est le défi de la fin des temps, mis en lumière par le pape François lors de la messe qu’il a célébrée ce 28 novembre 2013, à Sainte-Marthe. Il a dénoncé une société où il est «interdit d'adorer».
Le pape a commenté l’Évangile du jour (Luc 21,20-28) où Jésus annonce «la dévastation»: «Quand Jésus parle de cette calamité dans un autre passage, il dit que ce sera une profanation du temple, une profanation de la foi… ce sera l’abomination de la désolation».
«Ce sera comme le triomphe du prince de ce monde... À ce moment final de calamité, il croira qu’il s’est rendu maître du monde. Comme la défaite de Dieu.»
Le cœur de cette «épreuve finale» c’est la «profanation de la foi»: c’est le prophète Daniel, jeté dans la fosse aux lions pour avoir adoré Dieu et non le roi (Dn 6,12-28). Au fond, c’est «l’interdiction d’adoration».
La fin, l’abomination, c’est un temps où «on ne peut pas parler de religion [car] c’est une chose privée, … on n’en parle pas publiquement. Les signes religieux sont supprimés. On doit obéir aux ordres qui viennent de pouvoirs mondains. On peut faire des belles choses, mais pas adorer Dieu. Interdit d’adoration».
Mais à l’accomplissement de ce temps, les croyants pourront «relever la tête» car «on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire»: la «victoire de Jésus-Christ» sera proche.
«Les chrétiens qui souffrent dans des temps de persécution, des temps d’interdiction de l’adoration, sont une prophétie de ce qui arrivera à tous», a fait observer le pape.
«N’ayons pas peur», a-t-il encouragé, il s’agira d’«adorer jusqu’à la fin» avec « fidélité et patience»: «Fidélité comme Daniel, qui a été fidèle à son Dieu et a adoré Dieu jusqu’à la fin. Et patience, car les cheveux de notre tête ne tomberont pas. C’est ce qu’a promis le Seigneur.»
En conclusion, le pape a proposé un examen de conscience: «Est-ce que j’adore le Seigneur? Est-ce que j’adore Jésus-Christ, le Seigneur? Ou un peu moitié-moitié, je fais le jeu du prince de ce monde?»


Lu sur www.zénit.org

mercredi 27 novembre 2013

Une grande intention de prière...

Les veilleurs...

Déclaration commune des responsables religieux en Belgique
suite au vote en Commission du Sénat Justice et Affaires Sociales élargissant l’euthanasie aux mineurs

Le 6 novembre 2013, à titre tout à fait exceptionnel, tous les responsables religieux de Belgique déclaraient d’une seule voix, leur opposition à l’élargissement de l’euthanasie aux mineurs.

Nous marquons notre opposition à l’extension de la loi sur l’euthanasie aux mineurs et aux personnes démentes. Nous exprimons notre vive inquiétude face au risque de banalisation croissante d’une réalité aussi grave.
Nous aussi, nous sommes contre la souffrance, tant physique que morale, en particulier celle des enfants, car toute souffrance révolte. Mais proposer que des mineurs puissent décider de leur propre euthanasie est une manière de fausser leur faculté de jugement et dès lors leur liberté.
Proposer que des personnes démentes puissent être euthanasiées est un déni de leur dignité et les livre au jugement, voire à l’arbitraire, des personnes qui prennent cette décision.
Quant au corps médical et au personnel soignant, on fait pression sur eux à pratiquer un acte soi-disant médical.
Au lieu de soutenir la personne souffrante en rassemblant autour d’elle toutes les personnes et les forces qui l’entourent, on risque précisément de diviser ces forces et dès lors d’isoler cette personne souffrante, de la culpabiliser et de la condamner à la mort.
Le consentement prévu par la loi tend à devenir de plus en plus une réalité sans consistance. La liberté de conscience des personnes concernées risque de ne pas être sauvegardée.
L’euthanasie des personnes fragiles, enfants ou personnes démentes, est une contradiction radicale de leur condition d’êtres humains.
Nous ne pouvons dès lors entrer dans une logique qui conduit à détruire les fondements de la société.

Aujourd’hui, après le vote en commission du Sénat, ils ajoutent :

Ce 27 novembre 2013, nous ne pouvons qu’exprimer notre déception et notre tristesse.
Nous partageons l’angoisse de parents si un enfant arrive à une fin de vie prématurée et, particulièrement quand il souffre. Nous croyons cependant que les soins palliatifs et la sédation sont une manière digne d’accompagner un enfant qui meurt de maladie. Des médecins praticiens, oncologues ou intensivistes, nous l’ont clairement affirmé. Écoutons-les.
Nous plaidons pour un arrêt de l’acharnement thérapeutique et pour le remplacement des soins curatifs par des soins palliatifs.
Nous croyons que nous n’avons pas le droit de laisser un enfant souffrir : c’est pourquoi la souffrance peut et doit être soulagée. La médecine en a les moyens.
Ne banalisons pas l’acte de donner la mort alors que nous sommes faits pour la vie.
Aimer jusqu’au bout demande un immense courage,
Mettre fin à la vie est un acte qui non seulement tue, mais détruit un peu plus les liens qui existent dans notre société, dans nos familles, en proie à un individualisme grandissant.
Entourons et aimons les malades et leurs familles, ainsi que les soignants,
et si la maladie l’emporte, qu’elle soit accompagnée de notre affection intense et par l’irréductible respect de la vie.

Rabbin Albert Guigui,  Grand Rabbin de Bruxelles
Chanoine Robert Innes, président du Comité Central de l’Église Anglicane en Belgique
Monseigneur André-Joseph Léonard, président de la Conférence Épiscopale de Belgique
Monsieur Geert Lorein, président du Synode Fédéral des Églises Protestantes et Évangéliques de Belgique
Métropolite Panteleimon Kontogiannis, Exarque du Patriarcat Œcuménique de Constantinople (Église Orthodoxe)
Monsieur Semsettin Ugurlu, président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique


mercredi 20 novembre 2013

Concert de Noël +++

J-30 !
A DIFFUSER A VOS AMIS SUR VOS PAGES, IMPRIMEZ DES AFFICHETTES... MERCI! 
 
Ne manquez pas le prochain concert de Noël des jeunes de l'Unité pastorale Père Damien et de la Communauté Maranatha, qui aura lieu à la Basilique de Koekelberg le vendredi 20 décembre à 19h30, en faveur de l'asbl Accompagner. Au programme notamment: les Voice of Angels, finalistes de Belgium's Got Talent sur RTL-TVi!

Voici le lien direct pour vous inscrire: http://www.accompagner.be/fr/content/concert-de-noel-2013
 




vendredi 15 novembre 2013

Saint-Augustin nous enseigne

L’humilité, voilà notre perfection…(*)
 
Georges de la Tour (1593-1652). Le nouveau-né

Pour Augustin, l’orgueil est la source de tous les péchés. « Les autres défauts, en effet, s’exercent dans les œuvres mauvaises, mais l’orgueil, lui, menace même les bonnes œuvres… » Voici une exhortation à l’humilité, antidote de l’orgueil.

«L’Écriture nous dit: Ce qui est trop difficile pour toi, ne le recherche pas, ce qui est au-dessus de te forces, ne l’examine pas (Si 3,21), c’est-à-dire: ce que tu ne peux comprendre. Que faire, alors? me demandes-tu. Rester tel que je suis? Réfléchis sur les commandements qui t’ont été donnés. Quels commandements? Agis avec miséricorde, n’abandonne pas la paix de l’Église, ne place pas ton espérance dans un humain comme toi, ne tente pas Dieu en voulant accomplir des miracles! Tu reconnaîtras qu’il y a déjà en toi quelque fruit si, avec les bons, tu supportes l’ivraie jusqu’au temps de la moisson (Mt 13,30). Ici-bas, la paille est mêlée au grain, sur l’aire. C’est le temps présent. Réfléchis sur les commandements qui t’ont été donnés.
Mais, lorsque je verrai ce que d’abord je ne pouvais voir, lorsque je comprendrai ce que je ne comprenais pas, serai-je en sûreté? Serai-je parfait? Non. Tant que tu vis ici-bas, c’est non. L’humilité, voilà notre perfection. Vous connaissez les paroles de l’apôtre Paul. Alors, qui oserait croire être déjà arrivé? Paul écrit : Ce vers quoi je cours, je n’estime pas l’avoir déjà saisi. Mon seul souci : oubliant le chemin parcouru et tout tendu en avant, je m’élance vers le but, en vue du prix attaché à l’appel d’en haut que Dieu nous adresse en Jésus le Christ (Ph 3,13-14). Faites comme lui, oubliez ce qui est derrière vous. Je m’élance vers le but. J’entends la voix de Dieu qui vient d’en-haut et je cours afin de saisir le prix. Dieu ne m’abandonne pas en chemin, puisqu’il ne cesse de me parler.»

(Saint Augustin, Commentaire du Psaume 130, 13-14).


(*) Tiré de Une année avec saint Augustin, Ed. Bayard, 2013, 760 p. (20 x 20), 29,90 €.

samedi 2 novembre 2013

Le numéro 212 (novembre-décembre) de Bonne Nouvelle vient de paraître


Au sommaire:

Newman et l’expérience de Dieu
Une interview de Keith Beaumont, qui préside l’Association des amis de J-H Newman.

La vérité rend libre
Un billet de Marc Leroy

Petit printemps de l’Église
Les fondements de Taizé
Comment est née la communauté. Quels sont ses axes essentiels.
Un entretien avec fr. Aloïs, prieur de la Communauté depuis la mort de fr. Roger

Un jour à la fois
Vivre après un divorce : un beau témoignage

Entre les mains de Dieu
Lecture d’un « best-seller » spirituel
Un article de Thomas Dessart sur Sagesse d’un pauvre, d’Eloi Leclerc

Les racines s’embrassent
Un billet du fr. André Brombart

Jésus le bon médecin
Un enseignement donné par Alberto MAALOUF lors de la session du Renouveau 2013

Dieu hors-mesure…
Et pourtant si proche!
Une méditation du fr. Laurent à partir des lectures des dimanches de l’Avent

Fin de vie. Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire
Nous avons lu pour vous un livre de Vincent Leclercq, prêtre et médecin, qui enseigne la bioéthique à l’Institut Catholique de Paris

La Communauté Maranatha a 40 ans
Un écho de la célébration des 40 ans de la Communauté

Quelques livres
Comptes rendus de livres intéressants

Calendrier
Activités, retraites, sessions, etc. pour novembre et décembre

Sommaire de l’année 2013


 Si vous éprouvez des difficultés à vous procurer Bonne Nouvelle, signalez-le nous et envoyez-nous vos coordonnées par courriel à : <bonne.nouvelle.bxl@gmail.com>

vendredi 25 octobre 2013

Madeleine Delbrêl et l’hospitalité


Un mot d’abord, pour ceux à qui le nom de Madeleine Delbrêl ne dit rien(1). Née en 1904 dans une famille de libres-penseurs, sa jeunesse et son adolescence ont été bercés par le « Dieu est mort » proféré par Nietzsche quelques années plus tôt. Mais, peut-être grâce à la découverte de ce que Dieu n’était pas une nécessité pour sa vie, elle s’est lancée, très vite, dans une quête des autres qui la conduiront jusqu’au Tout-autre.
Après sa conversion à la foi catholique et des études d’assistante sociale, elle s’établit, en 1933, à Ivry, banlieue parisienne déchristianisée et acquise aux communistes. Elle y vécut jusqu’à sa mort, en 1964, partageant son logis, une maison ouverte à tous, avec une petite communauté de femmes.
Madeleine sut témoigner de l’Évangile dans le compagnonnage avec les hommes, avant tout par sa vie. Elle avait compris que derrière l’athéisme se cachent bien des fautes des chrétiens, souvent prompts à annoncer un Dieu qui soit en opposition avec les autres, plutôt qu’une vérité qui ne peut jamais se donner sans l’autre, du moment qu’elle coïncide, en dernière instance, avec la charité.


Écoutons Madeleine :
« Il y a une grâce de l’hospitalité. Nous voudrions retrouver sa fraîcheur, telle que la connurent et la vécurent les premières communautés chrétiennes.
L’hospitalité, c’est que les autres soient chez eux chez nous. Aux repas, ils sont attendus quand ils ne sont pas invités. Notre toit est le leur. Leur entrée dans notre vie engage leur entrée dans notre maison.
Ce qui est dans notre maison est à eux quand ils n’en n’ont pas l’équivalent. Ils y sont préférés à nous-mêmes. L’hôte n’est pas traité selon la justice, mais selon l’amour. Il ne peut pas être jugé, mais estimé dans la miséricorde.
De lui et de nous, l’obligé c’est nous, car peu de mystères évangéliques sont plus riches que l’hospitalité. En lui, nous recevons Jésus dans une sorte de communion collective ; par lui, nous revivons Jésus qui a accompli dans sa vie la loi juive et orientale de l’accueil ; par lui, nous avons l’occasion d’obéir à des préceptes chargés de promesses.
Là où plusieurs sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux’.
Vivre en communauté, c’est exploiter pour le monde une sorte de sacrement. C’est assurer la présence de Jésus.
Le témoignage d’un seul, qu’il le veuille ou non, porte sa propre signature. Le témoignage d’une communauté porte, si elle est fidèle, la signature du Christ »(2).

À méditer par ceux qui ont la nostalgie d’une « chrétienté » aujourd’hui disparue. Il y a du « pain sur la planche »...

(1) Je m’inspire du texte consacré à Madeleine dans Témoins de Dieu. Martyrologe universel, publié par la Communauté de Bose. Edition française chez Bayard, 2005. On trouve également une brève notice sur Wikipédia.

(2) Madeleine Delbrêl, Communautés selon l’Évangile.

samedi 12 octobre 2013

Si tu te mets d’accord avec ton adversaire… Saint-Augustin nous enseigne

Benozzo Gozzoli, saint Augustin lit la Bible

Augustin nous invite à suivre la Parole de Dieu sur le chemin de la vie. L’«adversaire» que nous devons y affronter n’est autre que la parole de Dieu: adversaire parce qu’elle s’oppose à nos tendances égoïstes et pécheresses.

«Quand notre route prendra-t-elle fin? Tous n’y parviennent pas à la même heure. Pour chacun de nous, une heure particulière verra notre toute prendre fin. Cette route, je l’ai déjà dit, c’est notre vie: le terme de la route, c’est la fin de la vie. Nous marchons, et vivre, c’est avancer sur la route. Pensez-vous, peut-être, que nous pouvons nous arrêter, tandis que le temps passe? Non, c’est impossible. De même que le temps avance, nous avançons nous aussi et pour nous, les années décroissent au lieu de croître. On dit: cet enfant n’ a pas encore l’âge de raison; la sagesse lui viendra avec les années. Faites attention à ce que vous dites: les années viennent? Elles ne viennent que pour s’en aller! Elles ne viennent pas pour nous rester. Lorsqu’elles passent, pour ainsi dire, au travers de notre vie, c’est pour nous briser, pour nous affaiblir petit à petit. Ainsi va la vie. Que ferons-nous avec cet adversaire dont Luc parle dans son évangile (Lc 12,58), c’est-à-dire la parole de Dieu? Tâche de te mettre d’accord avec elle. Personne ne sait à quel moment la route prend fin. À ce moment-là, tu te trouveras en face du juge et du garde qui peut te jeter en prison. Mais si, en cours de route tu as pu te mettre d’accord avec ton adversaire, au lieu d’un juge, tu trouveras un père; au lieu d’un garde sévère, un ange qui te portera dans le sein d’Abraham; au lieu de la prison, le paradis. Quel changement rapide et merveilleux s’est accompli ainsi en cours de route, si tu t’es mis d’accord avec ton adversaire»

(Saint Augustin, Sermon 109, 4).


Tiré de Une année avec saint Augustin, Ed. Bayard, 2013, 760 p. (20 x 20), 29,90 €.

dimanche 6 octobre 2013

Donne-moi de te trouver… Saint Augustin nous enseigne

 
Saint Augustin, par Claudio Pastro

            Dans l’évangile de ce 27e dimanche, on voit les apôtres demander à Jésus : « Augmente en nous la foi ! ». Écoutons Augustin adresser sa prière au Seigneur.

  
Si c’est par la foi que te trouvent ceux qui se réfugient auprès de toi, Seigneur, donne-moi la foi.
Si c’est par la force, donne-moi la force.
Si c’est par la science, donne-moi la science.
Augmente en moi la foi, augmente l’espérance, augmente l’amour.
Que ta bonté est admirable, unique, incomparable. C’est vers toi que je suis en route: les moyens d’arriver jusqu’à toi, voilà ce que je te demande encore une fois.
Si tu nous abandonnes, c’est la mort! Mais tu ne nous abandonnes pas, car tu es le bien que rien ne surpasse. Nul ne pourrait te chercher avec droiture sans te trouver. Te chercher avec droiture veut dire te chercher comme tu veux que l’on te cherche.
Apprends-moi, Seigneur, à te chercher.
Délivre-moi de l’erreur. Que, te cherchant, je ne rencontre rien d’autre que toi.
S’il est vrai que je ne désire rien d’autre que toi, donne-moi, Père, de te trouver.
S’il existe en moi d’autres désirs, de vaines attentes, purifie-moi et rends-moi ainsi capable de te voir.
Quant au salut de ce corps mortel, je ne sais en quoi il pourrait être utile, à moi où à ceux que j’aime; je m’en remets à toi, Père très sage et très bon. Pour ce corps, je te demanderai ce que tu m’auras suggéré en temps opportun.
Je te demande une seule chose. Tourne-moi vers toi, que rien n’entrave mes efforts pour te trouver; permets que tant que je vis avec ce corps à conduire et à porter, j’arrive à pratiquer la tempérance, le courage, la justice, la prudence; que j’aime de tout cœur et comprenne ta sagesse; que je sois digne de t’accueillir en moi comme dans une maison; que tu m’accueilles dans ton Royaume de félicité. Amen.
 (Saint Augustin, Soliloques, I, 1, 5-6)

mardi 1 octobre 2013

Malheur à moi si je n'annonce pas l'Evangile...


Notre frère Thibault s'exprime sur le site de Prions en Eglise  
Une belle exhortation à partager le trésor que le Seigneur nous a confié!

lundi 30 septembre 2013

Réchauffer les cœurs...


            Avec modestie, mais aussi avec détermination, le pape François continue de susciter une réflexion en profondeur sur l’Église et sa mission. Sans rien abandonner du message de Salut dont elle est porteuse, il l’invite à se centrer sur l’essentiel. À cet égard, le long entretien qu’il a récemment accordé au P. Spadaro pour les revues culturelles jésuites, mérite d’être lu et médité. On peut en trouver le texte intégral sur le site de la revue Études http://newsletter.revue-etudes.com/TU_Septembre_2013/TU10-13.pdf. En voici quelques extraits significatifs:


Commencer par le bas…

«Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité. Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille. Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste. Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas. L’Église s’est parfois laissé enfermer dans des petites choses, de petits préceptes. Le plus important est la première annonce : “Jésus Christ t’a sauvé !” Les ministres de l’Église doivent être avant tout des ministres de miséricorde».

«Une pastorale missionnaire n’est pas obsédée par la transmission désarticulée d’une multitude de doctrines à imposer avec insistance. L’annonce de type missionnaire se concentre sur l’essentiel, sur le nécessaire, qui est aussi ce qui passionne et attire le plus, ce qui rend le cœur tout brûlant, comme l’eurent les disciples d’Emmaüs. Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Évangile. L’annonce évangélique doit être plus simple, profonde, irradiante. C’est à partir de cette annonce que viennent ensuite les conséquences morales.»

Chercher et trouver Dieu en toutes choses

«Chercher Dieu dans le passé ou dans le futur est une tentation. Dieu est certainement dans le passé, parce qu’il est dans les traces qu’il a laissées. Et il est aussi dans le futur comme promesse. Mais le Dieu “concret”, pour ainsi dire, est aujourd’hui. C’est pourquoi les lamentations ne nous aideront jamais à trouver Dieu. Les lamentations qui dénoncent un monde “barbare” finissent par faire naître à l’intérieur de l’Église des désirs d’ordre entendu comme pure conservation ou réaction de défense».

«Bien sûr, dans ce chercher et trouver Dieu en toutes choses, il reste toujours une zone d’incertitude. Elle doit exister. Si quelqu’un dit qu’il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu’il n’y a aucune marge d’incertitude, c’est que quelque chose ne va pas. C’est pour moi une clé importante. Si quelqu’un a la réponse à toutes les questions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux prophète qui utilise la religion à son profit. Les grands guides du peuple de Dieu, comme Moïse, ont toujours laissé un espace au doute. Si l’on doit laisser de l’espace au Seigneur, et non à nos certitudes, c’est qu’il faut être humble. L’incertitude se rencontre dans tout vrai discernement qui est ouvert à la confirmation de la consolation spirituelle

«C’est pourquoi le discernement est fondamental. Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d’ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd’hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d’autres. Pour ma part, j’ai une certitude dogmatique : Dieu est dans la vie de chaque personne. Dieu est dans la vie de chacun. Même si la vie d’une personne a été un désastre, détruite par les vices, la drogue ou autre chose, Dieu est dans sa vie. On peut et on doit Le chercher dans toute vie humaine. Même si la vie d’une personne est un terrain plein d’épines et de mauvaises herbes, c’est toujours un espace dans lequel la bonne graine peut pousser. Il faut se fier à Dieu

Prier, faire mémoire


«Je prie l’Office chaque matin. J’aime prier avec les psaumes. Je célèbre ensuite la messe. Et je prie le rosaire. Ce que je préfère vraiment, c’est l’Adoration du soir, même quand je suis distrait, que je pense à autre chose, voire quand je sommeille dans ma prière. Entre sept et huit heures du soir, je me tiens devant le saint sacrement pour une heure d’adoration. Mais je prie aussi mentalement quand j’attends chez le dentiste ou à d’autres moments de la journée. La prière est toujours pour moi une prière “mémorieuse” (memoriosa), pleine de mémoire, de souvenirs, la mémoire de mon histoire ou de ce que le Seigneur a fait dans son Église ou dans une paroisse particulière. C’est la mémoire dont saint Ignace parle dans la Première semaine des Exercices spirituels lors de la rencontre miséricordieuse du Christ crucifié. Je me demande : “Qu’ai-je fait pour le Christ ? Qu’est-ce que je fais pour le Christ ? Que dois-je faire pour le Christ ?” (…) Par-dessus tout, je sais que le Seigneur se souvient de moi. Je peux L’oublier, mais je sais que Lui, jamais. Jamais Il ne m’oublie

samedi 21 septembre 2013

La Bonne Nouvelle est annoncée aux prisonniers



Grâce à la générosité de nos lecteurs et la collaboration précieuse d'aumôniers ou de visiteurs de prisons, Bonne Nouvelle rejoint un certain nombre de personnes détenues dans un établissement pénitentiaire. Il nous arrive de recevoir d'émouvants témoignages de personnes touchées par le Seigneur à travers la lecture de la revue. Ainsi, par exemple : « Vous m'avez fait parvenir Bonne Nouvelle gracieusement pendant plusieurs mois et je vous remercie. A travers ses articles, j'ai trouvé le réconfort dont j'avais besoin en prison. Ils m'ont permis de reconsidérer ma vie face à l’Évangile. Non! il n'est jamais trop tard et rien n'est irrémédiablement perdu... »

Mais sans-doute, les répercussions de cette lecture dépassent-elles l'écho que nous en donne le courrier de certains détenus. A cet égard, on ne peut qu'être frappé – et émerveillé – par une lettre adressée récemment par un détenu au journal La Croix (publiée dans le numéro du 18 septembre 2013). Il explique comment le journal qu'il reçoit, une fois lu par lui, parcourt la prison, et lui revient enfin, amputé de quelques articles ou de pages entières : « Le lendemain [du jour où il l'a lu], feuilleté, mais vaillant, il commence son périple ... coursive après coursive, il change d'étage, D0, D1, D2, des mains se le relayent, des inconnus qui se le transmettent par bâtiment. IL voyage, votre journal... il maigrit aussi, une découpe par-ci, une autre par-là, les hommes privés de mots s'accaparent les vôtres en fonction des libertés qu'ils décident de s'offrir (...) 10, 12, 14 jours (...) il repasse par moi, premier à le lire et donc  mon nom figurant dessus (...) Charge à moi de jeter ce qu'il en reste. Au début, je m'en amusais et puis, par curiosité, j'ai commencé à regarder les « découpes ». Qui découpe quoi ? Qui s'intéresse à la page économie, religion ? Impossible de récupérer la page 23 à chaque fois que dans l'encadré des 'saints du jour' figure une citation (...) Alors merci, pour moi, pour eux... pour, sans le savoir, avoir écrit au jour le jour une liberté qui allège nos solitudes, s'immisce entre les barbelés et ressemble à un souffle (...) Voyage, petit La Croix, l'inconnu de la cellule qui jouxte la mienne t'attend déjà... »

Remercions le Seigneur pour les cœurs qu'il touche et transforme dans l'ombre des prisons. A travers La Croix, mais aussi, à n'en pas douter, à travers Bonne Nouvelle.

dimanche 15 septembre 2013

Je me lèverai et j'irai vers mon Père

Saint-Augustin nous enseigne(*)

Se connaître et connaître la volonté de Dieu

Pour Augustin, nous allons vers le Royaume de Dieu par les commandements qui se résument à l’amour de Dieu et du prochain.

Arcabas, Le Fils prodigue
«Qui aime son prochain ne considère jamais l’autre comme un étranger quand il s’agit d’exercer la miséricorde.  Mais il existe beaucoup de personnes qui ne se connaissent pas elles-mêmes; car, se connaître, comme toute personne humaine devrait en être capable, n’est pas donné à tout le monde. Comment pourrait-il aimer son prochain comme lui-même, celui qui ne se connaît pas lui-même?  Ce n’est pas pour rien que le plus jeune fils, le fils prodigue, parti dans un pays lointain où il dissipa ses biens en vivant dans la débauche, rentre d’abord en lui-même avant de pouvoir dire: Je me lèverai et j’irai vers mon Père (Lc 15, 18). Il s’était tellement éloigné qu’il était, pour ainsi dire, sorti de lui-même. Il n’aurait pu rentrer en lui-même s’il ne s’était connu quelque peu. Il n’aurait pu dire non plus: Je me lèverai et j’irai vers mon Père, s’il avait complètement ignoré Dieu. Les commandements de Dieu, tous, nous les connaissons jusqu’à un certain point et pour les connaître mieux, il n’est pas inutile de demander à Dieu: Ne me cache pas tes volontés.
Pour pouvoir aimer Dieu, il faut le connaître; et pour aimer son prochain comme soi-même, il faut d’abord s’aimer soi-même en aimant Dieu (…) Le psalmiste dit: Sur la terre, je reste un étranger: ne me cache pas tes volontés (Ps 118, 20). Ces volontés, en effet, restent cachées pour ceux qui ne sont pas étrangers sur cette terre; même quand ils en entendent parler, ils ne les apprécient pas car ils n’ont à cœur que les choses de la terre (Ph 3,19). Quant à ceux dont la cité est dans les cieux, tant qu’ils vivent ici-bas, ils passent, comme des étrangers en voyage. Ils disent: Mon âme, à chaque instant se consume, tendues vers tes décisions (Ps 118, 20). Que désire le psalmiste? Il est tendu vers la connaissance des volontés divines. Les justes ordonnances de Dieu ont pour effet les actions justes, c’est-à-dire les œuvres de justice.»
(Saint Augustin, Commentaire du Psaume 118, 8, 2).



(*) Voici une nouvelle rubrique que nous essayerons d’alimenter régulièrement. Nous puiserons pour cela dans un magnifique ouvrage récemment publié sous la direction de Sylvain Gasser: Une année avec saint Augustin, Ed. Bayard, 2013, 760 p. (20 x 20), 29,90 €.